Évolution historique
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Depuis l'ordonnance royale de Villers-Cotterêts en 1539, les avocats se voyaient interdits de représenter leur client pendant l'instruction d'une affaire. D'ailleurs, avec l'ordonnance de 1640, aucun débat public n'était autorisé, le juge s'appuyant sur des pièces écrites et l'interrogatoire des accusés, plaignants et témoins pour fonder son verdict. Pour continuer à défendre leurs clients, les avocats se tournèrent vers la production de mémoires écrits : les factums. Il furent initialement destinés à être transmis au seul juge. Mais profitant notamment des progrès de l'imprimerie, les avocats comprirent l'intérêt de produire ces factums en masse pour les distribuer au public et ainsi influencer davantage le choix du juge.
Afin d'éviter des faits injurieux dans leur contenu, les imprimeurs sont tenus après un arrêt du 26 mai 1713 de faire apparaître le nom du signataire qui ne peut être qu'avocat ou procureur, ce qui ne veut pas dire d'ailleurs que certains plaignants ne soient pas les auteurs eux-mêmes du factum. La seule exigence que ces mémoires soient signés fit qu'ils furent sans doute les seuls imprimés non clandestins échappant complètement à toute censure préventive. Cette liberté de ton et de diffusion n'est certainement pas pour rien dans leur succès.
Dans une société où les grands combats juridiques ont passionné les foules et attiré y compris les plus grands auteurs, à l'image de Voltaire défendant le protestant Calas, les factums connurent leur apogée dans les années 1770-1780.
Ils survivent à la Révolution française mais perdent de leur influence après 1810. En raison d'une part de l'autorisation accordée de nouveau aux avocats de plaider oralement avant les procès, d'autre part parce la presse, en plein essor, apparaît comme un vecteur plus puissant pour influencer l'opinion publique.
Il y a une très nette différence entre les factums des XVIIe et XVIIIe siècles et ceux du XIXe siècle. Alors qu'avant la Révolution, les procès étaient surtout le fait de nobles, de religieux défendant leurs privilèges, on voit apparaître au XIXe siècle une grande variété, tant de justiciables que de motifs de procès.
Le factum ne disparut qu'au cours de la première moitiè du XX° siècle.